Nous sommes techniciens informatiques, administrateurs systèmes et réseaux, communicants web, enseignants… Nous avons des connaissances différentes et en discutant entre nous, nous avons songé il y a quelques temps qu’il manquait quelque chose en Dordogne.
Alors le 14 mars 2020, nous avons fondé une association pour la démocratisation de l’informatique libre en Périgord.
Voici notre Manifeste, celui qui explique notre volonté :
Une association pour l’informatique libre en Périgord
Depuis l’apparition des premiers smartphones grands publics en 2007, le nombre d’objets connectés et de logiciels nécessitant toujours plus d’informations personnelles n’a cessé de croître, ainsi que les risques qui en découlent.
De l’intellimontre au frigidaire ou aux luminaires, en passant par les fameux compteurs Linky et Gaspar, l’environnement numérique s’est développé sans discontinuer ces dix dernières années tout en devenant toujours plus gourmand en données personnelles.
Le manque de formation à l’usage de ses outils, le manque de défense et de connaissance du citoyen face aux multinationales mettant à disposition ces outils « gratuitement » mais pas « librement », ainsi que le manque d’accompagnement des internautes et utilisateurs connectés ont permit en une dizaine d’années une dégradation sans précédents de la protection de la vie privée ; dont on voit déjà les conséquences aujourd’hui. La presse a révélé en 2019 qu’une entité nommée « Cambridge Analytica » aurait trompé ses usagers et revendus les données de ses questionnaires à des partis politiques.
Peut-être nos pouvoirs publics n’ont-il pas su voir les besoins concrets de formation des usagers (nous sommes tous usagers) aux risques qu’ils encouraient. Néanmoins, si la situation était nouvelle et excusable il y a près de dix ans, les élus locaux et nationaux ont maintenant eu largement le temps de considérer ce qu’il advenait.
De brèves réactions ont cependant eu lieu, en mettant en place une Commission Nationale de l’informatique et des Libertés (CNIL) ayant de moins en moins de pouvoir au fil du temps, en créant une Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d’Information (ANSSI) que presque personne ne connait ou en appliquant approximativement la législation Européenne avec le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD). Le tout semble sans réels impacts faces aux risques encourus par les usagers pour leurs données personnelles.
Après un état des lieux sur l’environnement numérique du quotidien de périgordins et le rapport de ces derniers avec celui-ci, il semblait plus que primordial qu’une association, en plus des collectivités locales, vienne en aide aux utilisatrices·teurs des outils numériques. Dans la continuité de ces années écoulées, et sans réel frein, ces derniers outils seront toujours plus performants et toujours plus gourmands en données, voire intrusifs pour certains de ces outils.
Or, si les seniors sont en réel manque d’information, les enfants, lycéens ou simplement les parents, sont régulièrement noyés dans l’incompréhension et le mélange des notions. Les difficultés qui sont masquées par de jolies icônes et boutons « innovants » deviennent souvent des murs infranchissables dès que quelques chose semble ne pas aller « normalement ». Les concepteurs de logiciels redoublent donc d’ingéniosité en matière de simplification.
Si il semble pertinent qu’une entreprise développe des outils numériques en phase avec les besoins de la société, les rendant intuitifs, pratiques, ergonomiques… les solutions privatives des GAFAM enferment malgrés iels les utilisatrices·teurs dans des formats de documents non compatibles entre eux, voir parfois dans des environnements (matériels & logiciels) totalement hermétiques. Aujourd’hui, Apple et Microsoft luttent l’un contre l’autre en tentant de garder des monopoles sur des types d’utilisations, et en limitant les compatibilités entre usagers.
Bien que les produits réfléchis par les multinationales et proposés aux publics soient esthétiques et efficaces, la notion de respect de la vie privée semble absente des préoccupations de ces firmes dont l’optique est avant tout la récupération de bénéfices, que ce soit par les publicités ciblées, la vente d’habitudes de consommations…
IEL24 rappelle que sans l’intuitivité des produits, le grand public est perdu face à l’informatique et à la merci des fabricants de ces outils.
Aujourd’hui, le monde du libre, après avoir travaillé son ergonomie et son esthétique, répond présent et est prêt à aider ceux qui le souhaitent.
Vous utilisez peut-être au quotidien, ou vous en avez en entendu parler, de Firefox, de Thunderbird, LibreOffice, de WordPress, peut-être même Gimp, ou l’application de messagerie instantanée Riot ?
Ces logiciels ont été conçus sans être cachés, dans l’optique de permettre leurs améliorations ou le partage de leurs ressources, tout cela pour les utilisateurs qui souhaitent en avoir l’usage. Si une application respecte ces critères de libre utilisation, de libre étude, de libre redistribution et de libre modification, elle peut être classée comme « Libre ».
Ceci est le résultat d’une volonté partagée des créateurs et des utilisateurs de s’appuyer sur des outils durables et éthiques. Dans le commerce ou l’agriculture, nous parlerions de label Éthique, Biologique, Durable, Solidaire ou simplement Écologique.
Cette volonté est à la fois celle de reprendre le contrôle sur notre environnement et celle de ne pas enrichir jusqu’à plus soif les grosses entreprises basées sur un modèle capitaliste. En Informatique, nous ferons donc attention à l’identité de ceux qui publient les logiciels, à l’usage qui sont faits de nos données, et surtout, à la présence des quatre libertés décrites plus haut.
Aujourd’hui, utiliser un outil non libre, c’est comme utiliser un produit dont on ne connait pas la composition.
Mangeriez-vous d’un plat sans savoir ce qu’il contient ? Achèteriez-vous ce produit sans savoir s’il est nocif ? Utiliseriez-vous un outil informatique si l’on vous disait que le bouton « rechercher » cachait une petite procédure qui envoie une capture vidéo de votre écran commencée il y a cinq minutes lorsque vous avez cliqué sur « accepter » ? Avez-vous lu les Conditions d’Utilisation ou la politique de confidentialité ?
IEL24, l’association « Informatique Et Libertés en Dordogne », souhaite rappeler que le monde numérique est un labyrinthe plein de richesses. À ce titre, il y a des merveilles qui peuvent être de vraies pépites ou des chausses-trappes qui sont de dangereux pièges. Les tentations peuvent être grandes, mais les dangers le sont plus encore. Personne n’irait au sein d’un labyrinthe sans un fil d’Ariane, une gourde, un couteau ou le minimum vital pour faire face à des mirages ou un éventuel minotaure.
A l’instar de l’analogie ci-dessus, les avantages de ces outils sont multiples. Les logiciels libres (ci-dessus, un fil d’Ariane, une gourde, un couteau…) permettent la réappropriation de leurs données par les utilisatrices·teurs, mais également le respect de leurs vie privée. D’autre part, l’utilisation et la mise en place de ces outils de manière collaborative permet de toujours pouvoir demander de l’aide à la communauté des utilisateurs ou des créateurs, voir d’intervenir soi-même dans l’amélioration desdits outils.
L’intérêt est ici collectif et éthique. Terminé, l’outil conçu seulement par une grosse multinationale qui n’a à cœur que ses propres intérêts !
Dans cette philosophie, IEL24 a la volonté d’accompagner les Périgordins souhaitant se libérer de l’emprise des GAFAM en proposant des ateliers d’éducation populaire ou des ateliers de contribution, mais aussi des services à prix associatifs tels que les courriels, les agendas ou les sauvegardes de contacts en ligne, sans oublier le travail collaboratif et les réseaux sociaux alternatifs, libres, décentralisés et fédérés.
Ses tarifs seront adaptés aux particuliers, aux associations ou aux entreprises locales qui souhaiteront faire le pari de récupérer la propriété et le contrôle sur leurs données personnelles.
Et enfin, parce qu’une entité hébergeant vos données doit être transparente et claire avec vous, l’association IEL24, dans la continuité de ses choix de respect des libertés, s’oblige à respecter la charte des CHATONS, le Collectif des Hébergeurs Alternatifs Transparents Ouverts Neutres & Solidaires, mis en place en 2016 par l’association Framasoft, qui lutte depuis 20 ans maintenant contre les GAFAM.
Aujourd’hui, après avoir commencé à mettre en place nos infrastructures, avoir fait les déclarations administratives et effectué quelques frais, nous espérons pouvoir accueillir pour la rentrée de septembre nos premiers usagers.
Notre association est bien entendue ouvertes aux bonnes volontés souhaitant apporter un soutien ponctuel ou régulier à nos côtés. Il est possible de nous contacter via notre blog ‘blog.iel24.org’ ou via courriel à l’adresse ‘ contact@iel24.org‘.